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Apprivoiser la route
Article mis en ligne le 16 novembre 2020

par Piwi

Introduction

Article tiré du journal "moto et motards"

La route ce chemin d’une richesse infinie, peut procurer une indescriptible sensation de liberté, particulièrement intense lorsqu’on le parcourt en deux-roues. Mais si la route peut se montrer grisante, il faut toujours garder à l’esprit qu’elle ne peut jamais être prévisible. Pour qu’elle vous soit salutaire, il faut accepter qu’elle ne s’offre que partiellement à vous, une partie fractionnelle, minime, puisqu’elle doit aussi s’offrir à d’autres. Mais … si vous apprenez à la comprendre, si vous parvenez à avoir un coup d’avance sur elle, alors, votre liberté passera de restreinte à immense. Dans cet article, nous allons aborder cette notion subtile mais essentielle à la pratique de la moto sur route.

"Une machine se domine, mais une route ne peut qu’être apprivoisée"

Connaître son environnement

Contrairement au pilotage sur un circuit fermé, la route réclame une attention et une technique bien plus poussée. Ainsi qu’une dimension du pilotage qui est inexistante sur piste : l’imprévu. Pour connaître son environnement sur circuit, quelques tours suffisent. La complexité d’une route, même celle que vous pensez connaître par cœur, réside dans le fait que vous n’êtes pas le seul à l’emprunter et qu’il y a plusieurs sens pour la prendre.

De plus, son coefficient d’adhérence peut varier brusquement selon les caprices de la météo, l’environnement qui l’entoure ou le passage d’un poids lourd qui aurait eu une envie pressante de se soulager de quelques litre de gasoil …
Tout ça mis bout à bout revient à dire qu’une route est à géométrie variable.
Bref, sur route, connaître son environnement ne se limite pas à savoir comment s’enchaînent les virages, il faut aussi anticiper tout ce qui pourrait les faire changer.

Connaissez vous votre environnement ?

À quel point connaissez-vous les chemins que vous arpentez le plus ?

Nous allons faire un exercice de stimulation mémorielle. Faites l’expérience, fermez les yeux et essayez de visualiser la route que vous pensez connaître le mieux. Celle que vous empruntez pour aller au travail, ou que vous affectionnez particulièrement pour les balades … peu importe, à partir du moment où vous pensez la connaître sur le bout des doigts. Poussez loin l’effort, au point de reproduire de mémoire cette portion à la perfection. C’est bon ?

Alors si vous connaissez aussi bien cette route que vous le prétendez, vois une liste de 5 critères qui devraient vous venir à l’esprit durant cet exercice.
Chacun d’entres eux offre plus ou moins de points en fonction de leur importance. Évaluez votre connaissance en vous attribuant le nombre de point que vous pensez mériter (et ne trichez pas, hein !).

Calculez ensuite votre total et lisez ce qui suit. Dans l’immense majorité des cas, le résultat est édifiant.

Les critères d’évaluation

Le parcours

(2 points max)

Bon, ne sautez pas au plafond si vous arrivez à dessine le parcours de tête, car c’est bien la chose la plus facile à se remémorer. Pour avoir les deux petits points de ce critère, être capable de tracer à mains levée le plan de votre route, de placer les stops, les feux rouges et les rond-points, est suffisant. Et pourtant … parfois la route que l’on croit connaître le plus est difficile à retranscrire avec exactitude.

Pourquoi ? Parce qu’elle est mise en veille dans un coin de votre cerveau qui ne s’active que lorsque vous y êtes physiquement. Le fonctionnement de la mémoire étant basé sur des liens entre différents éléments qui forment un tout, c’est souvent un élément qui va en activer un autre dans votre tête.

Reproduire l’exercice assis dans son canapé n’est donc pas aussi évident que ça. Mais il y a un minimum à connaître, et un souvenir trop vague ou difficile à retrouver est mauvais signe. Si c’est votre cas, cela révèle une fragilité dans votre connaissance de cette route : vous manquez de repères.

Bref, si vous n’avez pas les 2 points, alors pensez à regarder un peu plus ce qui se passe autour de vous, même si vous prenez cette route tous les jours : c’est une étape indispensable, notamment pour les critères suivants.

Le revêtement et l’adhérence

(3 points max)

pour l’immense majorité des usagers de la route, la qualité du revêtement et l’adhérence ne sont présents dans la mémoire que par le biais de vagues intuitions. Vous aller repenser à un certain virage en particulier et il va vous laisser une impression, plus ou moins positive. Parfois, c’est parce qu’il est difficile à négocier, ou qu’il ne correspond pas à votre côté préféré pour tourner … mais quelques fois, cette sensation floue, qui peut être positive ou négative, vient de votre analyse inconsciente du revêtement, ou de l’adhérence dont vous pensez bénéficier quand vous y passez.

C’est difficile mais forcez-vous à réfléchir à ce critère. Focalisez-vous dessus. Ça vous revient ? Vous pouvez mettre le doigt sur plusieurs zones différentes de macadam ? Bien ! c’est que vous êtes un motard avec de l’instinct et du feeling. Ça ne vous revient pas spécialement ? alors vous avez une grave lacune à combler, et vite.

Connaître l’état du revêtement et sentir le minimum d’adhérence qu’il propose est d’une importance capitale pour prendre les précautions nécessaires, souvent inconscient, dans les portions les plus piégeuses de votre route.

Le trafic

(4 points max)

Hé oui, on ne peut pas prendre la route pour un circuit. Ne prêter attention qu’à son tracé et son adhérence est aussi suicidaire que de couper vos durites de frein avant une balade.

Parvenez-vous à reconstituer l’état du trafic de votre route selon les heures auxquelles vous l’emprunter ?

Si votre cerveau ne peut s’empêcher de vous envoyer une image de cette route avec son trafic, c’est une excellente chose. C’est le signe que vous prêtez une grande attention à ceux qui vous entourent.
Qui n’a jamais pris un virage rapide dont la sortie se voit occupée par une rangée de voitures attendant le feu vert ? Ceci est l’exemple parfait de cette notion de "route à géométrie variable", selon les heures et la circulation.

Il est donc aussi important de savoir ce qui se passe derrière le virage, que de connaître son rayon et l’adhérence qu’il offre.

Voilà pourquoi ce critère apporte potentiellement plus de points que les deux précédents. Vous devez être capable d’anticiper, de mémoire, les zones d’engorgement de la route, suivant l’heure à laquelle vous l’empruntez.

Les zones de dangers

(5 points max)

Attention, là, on s’attaque à du lourd. C’est de loin la chose la plus importante pour celui qui pratique la moto sur route. Vous n’êtes que très peu protégé mais très exposé, c’est donc à vous de prêter un maximum d’attention, car les autres ne le feront pas pour vous.

Pour cet exercice, avez-vous déjà éprouvé une sensation de danger, ou une complication sur votre parcours ? Il s’agit sûrement d’un passage que votre cerveau a retenu comme une zone de danger. Un carrefour accidentogène, un autre plus ou moins dissimulé, un stop mal indiqué, un virage toujours à l’ombre des arbres et donc humide, une bosse en aveugle, une inclinaison de la route qui la rend plus piégeuse, la sortie d’un champ, souvent recouvert de terre ?

Les zones dangers sont légion sur route et demandent une concentration maximale lorsque vous les traversez. Si vous vous considérez comme un motard expérimenté, vous DEVEZ être capable de vous souvenir avec un grande précision de zone de danger sur votre parcours. Si ce n’est pas le cas, travaillez sur ce point, c’est vital.

Les mauvaises surprises

(6 points max)

C’est le critère le plus difficile à obtenir. Vous pouvez cumuler tous les points mais être incapable d’en avoir, ne serait-ce qu’un seul, dans "les mauvaises surprises". Pourquoi ?

Parce que les mauvaises surprises sont celles qui arrivent alors qu’elles n’auraient jamais dû arriver. C’est la situation d’urgence impossible à prévoir, qui n’a aucune sens et qui n’arrive qu’une fois sur un million. Une vache égarée derrière un virage aveugle, un automobiliste sous l’emprise de la drogue, d’alcool ou de la fatigue, qui sort de sa voie. Un poids lourd qui se retourne, un poteau électrique qui tombe, un éboulement, une voiture en sens inverse qui écarte sur votre voie pour doubler un cycliste en virage, un camping-car arrêté dans une courbe avec vue panoramique pour prendre des photos …

Si vous avez la chance de n’avoir jamais eu ce genre de situation à gérer, vous ne pouvez pas marquer de points ici. Car tant qu’un motard n’a pas vu certaines choses se produire, il ne peut pas réaliser que sur la route, alors même qu’on croit être en sécurité, rien n’est jamais acquis.

Vous pouvez passer toute votre vie à moto en ne jamais avoir de mauvaises surprises, mais il suffit d’une fous pour que tout bascule.

Bilan

Entre 2-5 points

Votre connaissance de la route est dangereusement faible. Vous êtes focalisé sur la performance, le pilotage, mais pas assez sur ce qui vous entoure. Ou alors vous rêvassez, et ce n’est pas le bon endroit pour ça ! Vous n’êtes probablement pas vraiment conscient qu’il peut vous arriver quelque chose de moche à chaque instant.
Réveillez-vous, avant qu’il ne soit trop tard !

Entre 6-10 points

Si c’est votre score pour la route que vous pensez connaître le mieux, alors on n’ose pas imaginer celle que vous connaissez le moins ! Plus sérieusement, vous êtes globalement sous la moyenne dans chaque partie. Vous manquez d’expérience, mais pensez sans doute le contraire. Vous êtes potentiellement plus dangereux que le motard qui a entre 2-5 points car vous croyez en savoir assez, et c’est là votre erreur.
Concentrez-vous, apprenez encore et ouvrez les yeux, ce n’est pas un jeu, et vous pouvez faire bien mieux.

Entre 11-15 points

Vous en avez assez pour pouvoir prendre du plaisir et rentrer chez vous en toute sécurité. Mais n’allez pas fanfaronner ! Il faut rester concentré en toutes circonstances et ne jamais oublier que le reste des points qu’il vous manque peut vous jouer des tours sur la routes. Particulièrement s’ils concernent les "mauvaises surprises".

Entre 16-19 points

Si vous avez entre 16 et 19 points, il y a trois solutions : soit

  • Vous être trop généreux avec vous-même
  • Vous ne savez pas vraiment compter
  • Vous êtes un motard ultra-expérimenté et vous avez probablement 300 ans de pratique de la moto.
    En gros, ce nombre de points est quasiment impossible à obtenir, mais il faut toujours essayer de s’en approcher.

20 points

C’est impossible.
Comme on l’a dit, on ne peut ni connaître une route à la perfection, ni être capable de penser à tout ce qui peut arriver.
Donc, il est parfaitement impossible de mériter 20 points.

Recommencez le test, et soyez moins sûr de vous !
Ou alors faites donc soigner cet énorme complexe de supériorité


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